Les 8 et 9 mai sont des jours bien particuliers. Ils sont l'occasion de célébrer des valeurs auxquelles nous sommes, pour la plupart, particulièrement attachés.
Habituellement, au nom des habitants de notre Commune, je me rends à Saint-Germain-l'Herm, pour partager un moment de recueillement.
Cette année, la situation ne le permet pas.
J'ai donc souhaité nous offrir une occasion de nous retrouver, tous ensemble, par la pensée, en un instant commun, à l'appel de la sirène communale.
La période que nous vivons, pour anxiogène et difficile qu'elle soit, n'a rien de commun avec l'époque que vécurent nos grands parents.
La seconde guerre mondiale fit plus de 60 millions de morts.
Sur le territoire de ce qui est aujourd'hui l'Union Européenne, cette Union que nous célébrerons demain, les civils paieront un tribut particulièrement lourd, avec près de 11,7 millions de morts en moins de six ans.
Le confinement se faisait alors dans des caves à l'approche des bombardiers.
Il n'était pas question de maintenir une distanciation sociale lorsque l'on faisait ses courses car, sans ticket de rationnement, pas de pain, pas grand chose d'ailleurs, au mieux des rutabagas, les nazis réquisitionnant les pommes de terres.
Lorsque ces fanatiques – ou leurs alliés – se saisissaient de vous, il n'y avait aucune probabilité de guérison si vous étiez juifs, tziganes ou homosexuels.
Il n'était pas nécessaire d'affabuler pour avoir des raisons de crainte.
Si vous étiez de ceux dont l'extermination avait été planifiée, il n'y avait pas d'autre horizon que les camps de la mort, et guère d'autre espoir que celui de mourir vite.
Il était évident, depuis des années, qu'Hitler frapperai un jour. Pourtant, en 1940, face à la Blitzkrieg, une manière nouvelle de mener les combats, totalement inédite, notre pays, toutes les nations d'ailleurs, s'étaient retrouvées impréparées et démunies.
Peut-être est-ce là un point commun avec notre époque. Mais il est bien l'un des seules, ainsi que la recherche de boucs émissaires et le renouveau des discours de haine.
Nous sortirons tous changés de cette épisode et, parce que nous aurons évolué, notre temps évoluera.
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas sur que je garderai la moustache mais, quitte à changer, tachons d'atténuer nos défauts et nos mauvaises habitudes.
Bien des français montrent, depuis plusieurs semaines, courage et dévouement, les soignants évidemment, tous ceux qui s'appliquent à maintenir de la solidarité entre nous, mais aussi, simplement, tous les travailleurs qui permettent de maintenir un semblant de normalité dans nos vies, de l'éboueur de la Com Com à la caissière du Super U, des gérants du Petit Chastel jusqu'à nos agriculteurs.
Soyons leur reconnaissants.
Ils ont reçu de la presse le beau qualificatif de « héros du quotidien ».
Rien ne les destine à être des héros mais ils font simplement ce qu'ils ont à faire.
Rien n'est jamais comparable. Mais tout à l'heure, lorsque nous prendrons un moment de recueillement entre deux sonneries de la sirène communale, ce sera pour honorer des héros qui faisaient simplement, au péril de leur vie, ce qu'ils pensaient devoir faire.
Justes ayant dissimulés ceux qui étaient les plus menacés, engagés des colonies volontaires pour rendre la France aux français et à la démocratie, foule d'anonymes des maquis et victimes innocentes.
C'est en pensant à eux que j'ai déposé, ce matin, sur notre monument au morts, quelques fleurs des maquis et des haies.
C'est pour penser à eux qu'à 13h00 notre sirène sonnera.
Et demain ! Pour demain ! Nous ne pourrons que ressentir la légèreté des sacrifices qui sont les nôtres, dans nos habitudes, par rapport à ceux qui furent les leurs.
Pour conclure, ce relativisme ne m'empêche pas de vous remercier pour vos gestes du quotidiens, ces gestes dit barrières, que nous avons adoptés et que nous allons devoir maintenir pendant longtemps, pas pour nous mais pour protéger tout les autres.